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Le blog du G. P. S.

Le blog du G. P. S.

Depuis décembre 2008 à Toulouse, le GPS (Groupement Pour la défense du travail Social) se bat contre les atteintes portées aux personnes accompagnées du secteur social. Pour ce faire de multiples actions ont été menées en faveur du droit de ces personnes.


GPS et CREA : deux projets différents, mais solidaires.

Publié par G. P. S. sur 11 Mai 2011, 20:42pm

Catégories : #La Maison Goudouli

Groupement pour la défense du travail social (GPS)
Compte rendu de l’assemblée générale du lundi 2 mai

 

Ordre du jour :

  • Retour de la rencontre avec la préfecture ce jour
  • Débat sur l’ouverture de la deuxième réquisition par le Collectif pour la Réquisition, l’entraide et l’Autogestion (CREA).
  • Présentation du projet de centre social autogéré du CREA

 

I – Délégation préfecture

 

La délégation a été reçue le lundi 2 mai à 13h30 sur convocation de la préfecture. Etaient présents : Me Bacle (directrice de la DDCS), Mr Lemaître (directeur adjoint), l’adjointe de Me Bachelot.

Le ministère a réaffirmé qu’il n’y aurait pas d’argent pour la création d’un lieu d’accueil Grands Précaires. L’AG valide le fait de continuer l’action dans la mesure « où n’ayant rien à perdre, on a tout à gagner ». La dimension collective de l’action, son unité, ainsi qu’un soutien massif du plus grand nombre y compris institutionnel et politique permettra peut-être une issue positive à cette lutte. La détermination reste entière ainsi que la volonté d’aller jusqu’au bout.

 

II - L’ouverture de la deuxième réquisition par le CREA.

 

Synthèse récapitulative

La réquisition de la rue Goudouli a été décidée par le GPS suite à l’expulsion de la Cathédrale Saint-Etienne dans une logique de continuer d’alerter les pouvoirs publics et de sensibiliser la population tout en mettant à l’abri les grands précaires. Cette réquisition a été rendue possible avec l’aide technique de l’inter-squat.

 

La question de l’accueil des familles avait été réfléchie dès le début mais volontairement mise de côté compte tenu des difficultés à faire coexister les deux publics, de la crainte de brouiller le message en termes de revendications, de pouvoir rassembler suffisamment de militants pour gérer l’accueil.

 

La découverte du deuxième bâtiment a été faîte le jour de l’ouverture. Le GPS s’est aperçu de son accessibilité dans les deux jours qui ont suivi. Ce deuxième bâtiment, vacant, laissait envisager la possibilité d’un accueil séparé pour les familles mais sans pour autant avoir été décidé par le GPS compte tenu des contraintes humaines et des arguments cités plus haut. Le GPS a alors décidé de ne pas investir ce bâtiment. Cette discussion a eu lieu dès le mardi 26 avril en AG.

 

L’inter-squat a alors occupé ce bâtiment pendant quelques jours. En amont de l’ouverture de la rue Goudouli, l’inter-squat portait depuis longtemps un projet d’ouverture d’un lieu de type « centre social auto-géré » dans une dimension militante, politique et collective. Par ailleurs, sensible à la situation des familles à la rue, ce groupe a commencé à murir l’idée de l’opportunité que représentait ce bâtiment pour réaliser leur propre projet tout en accueillant les familles. L’inter-squat a alors proposé, lors de l’AG du jeudi 28 avril, d’occuper officiellement le lieu en l’ouvrant aux familles tout en en assurant la gestion de manière séparée du GPS afin que leur action n’entache pas les revendications du GPS pour les grands précaires. Cette décision a alors été votée par l’assemblée. A noter que peu de personne étaient présentes et que le projet de centre social autogéré n’a pas été présenté à ce moment là.

 

Compte tenu des enjeux liés à l’ouverture dans les prochains jours, l’information est passée le lendemain en AG mais avec des consignes implicite de discrétion qui n’ont pas permis un deuxième débat avec des membres du GPS absents la veille. L’inter-squat s’est alors lancé dans la préparation active de l’ouverture : sécurisation, aménagement, création d’un collectif propre (le CREA), communication (banderoles, tract …) tout en continuant la réflexion en interne sur le projet lui-même. Dans l’esprit des principaux protagonistes émergeait la nécessité de séparer les deux bâtiments à travers deux projets portés dans deux lieux distincts par deux collectifs différents.

 

Dans les jours qui ont suivi, l’information a circulé au gré des permanences brouillant quelque peu le message. Le projet de centre social autogéré, mal compris, a apporté un peu plus de doute chez certains membres du GPS qui redoutaient une confusion des genres et des finalités pouvant porter préjudice à la réquisition pour les grands précaires. La nécessité de reposer les choses à l’AG du lundi 2 mai afin de présenter le projet du CREA et de pouvoir exprimer les inquiétudes des uns et des autres dans le but de maintenir l’unité, la solidarité et la coopération des deux collectifs a fait sens pour tout le monde. Le CREA a alors accepté de retarder l’ouverture du lieu prévue le lundi matin au lendemain.

 

Eléments du débat

 

Les craintes liées à la réquisition du deuxième bâtiment par le CREA (ouverture du centre social auto géré et accueil des familles) ont pu être exprimées de la manière suivante :

 

Amalgame possible entre les deux actions et ses conséquences :

Les risques pourraient être les suivants :

Brouillage du message envers les politiques, les médias, l’opinion, les sympathisants et membres du GPS. Le GPS revendique une action transitoire dans l’attente de l’ouverture d’un habitat adapté en centre ville pour les grands précaires, il compte quitter la rue Goudouli lorsque l’Etat cèdera. L’action du CREA s’inscrit dans la durée, dans une posture plus politique liée à des actions diversifiées basées sur l’autogestion, des activités militantes, ateliers … Les deux actions semblent antinomiques à certains mais se rejoignent dans la préoccupation de protéger par une mise à l’abri de populations fragiles, en danger à la rue (grands précaires, enfants, femmes enceintes …). L’amalgame pourrait être évité en étant très attentif à la communication (tracts, affiches, communiqué de presse..). Il s’agira, pour chaque collectif de communiquer de manière distincte, de signer ses supports et de toujours renvoyer aux médias, politiques, détracteurs potentiels … qu’il s’agit de deux projets distincts portés par deux collectifs différents dans deux lieux distincts (adresses différentes). Le GPS restera centré sur ses revendications.

Réaction de la mairie de Toulouse qui pourrait se sentir piégée. Suite à la visite de Me Touchefeu et au soutien du maire, comment réagira la mairie lorsqu’elle apprendra que des familles avec enfants sont sur la réquisition ? La situation des familles est intolérable, certaines vivent à la rue avec des enfants, d’autres sont dans des squats sordides, le soutien clair de la Mairie pour les Grands Précaires peut laisser penser que celle-ci pourra difficilement ne pas soutenir la mise à l’abri de ces familles. A noter que Delanoë vient d’ouvrir à Paris un accueil pour les réfugiés tunisiens.

Ce n’est « ni le lieu ni le moment ».  L’action du GPS a besoin d’encore un peu de temps pour se structurer, se médiatiser. Le message pourrait être brouillé par les nouvelles revendications portées par le CREA. Le CREA aurait pu investir un autre lieu pour mener son projet. Les membres actifs du GPS à l’origine de la réquisition et qui ont ouvert le lieu soulignent l’importance de la rencontre humaine entre les membres de deux collectifs ainsi que le soutien et les prises de risque du CREA sans lequel cette ouverture n’aurait pas eu lieu. Ils expliquent également que la découverte du deuxième bâtiment s’est faîte à après l’ouverture du lieu. La présence de celui-ci offrait certes une opportunité pour le CREA qui portait ce projet depuis près de 5 ans mais également pour l’accueil des familles dont la situation continuait de préoccuper la plupart des membres du GPS. Les actions menées en parallèle mais avec des passerelles internes sur deux lieux avec une proximité devraient pouvoir nous rendre plus forts. La synergie entre les deux projets est avant tout basée sur une construction au jour le jour faite de débat, de discussion, elle n’a pas été pensée, préparée en amont dans tous ses développements.

 

Epuisement des énergies :

La réquisition de la rue Goudouli est déjà difficile à tenir pour l’accueil des grands précaires et la gestion du lieu, est ce que l’ouverture du deuxième lieu ne va pas épuiser les militants ? La réquisition du CREA est portée par le CREA, leur force et leur détermination semblent aujourd’hui suffisante pour tenir le lieu sans faire appel au GPS. De plus les membres du CREA peuvent apporter leur soutien technique et humain au GPS.

 

L’utilisation des familles :

La crainte de manipuler les familles à des fins politiques, de les utiliser comme un bouclier pour défendre le centre social autogéré en espérant retarder ainsi son expulsion a été exprimée par certains. Le CREA souligne que ses membres sont également sensibles et concernés par la situation catastrophique des familles à la rue, que cette préoccupation, citoyenne, n’a pas le monopole des travailleurs sociaux du GPS. D’autre part, le CREA s’inscrit dans une démarche de cogestion. Pour cela il reconnait ne pas très bien connaître la problématique de ces familles. Ses membres ont rencontré l’équipe de l’accueil famille, aujourd’hui fermé, afin de se familiariser avec la spécificité de cette prise en charge : communication, situation administratives, éventuelles tensions intercommunautaires .... Le CREA souhaite continuer à bénéficier des compétences des membres du GPS dans ce domaine. Par ailleurs, ils souhaitent également proposer aux familles de s’investir dans le lieu en termes de participation aux prises de décision, à l’aménagement de leur habitat … dans une démarche de coproduction en mobilisant leurs compétences. Pour cela, le CREA souhaite avancer par étape dans le respect des rythmes des uns et des autres. Enfin il est rappelé que le choix final d’intégrer la réquisition sera pris par les familles elles-mêmes, qu’il leur sera, en amont, bien expliqué les enjeux et la nature de ce lieu qui sera pour certaines, juste un passage. Un règlement intérieur sera établi avec elles.

 

Des tensions entre le CREA et le GPS :

Comment faire coexister deux projets portés par deux collectifs détenteurs chacun d’une culture singulière : l’un de travailleurs sociaux, l’autre de squatteurs ? L’aventure de la rue Goudouli vient secouer tout le monde et faire bouger les lignes classiques. Des travailleurs sociaux qui jusque là limitaient leurs actions à leur temps de travail se retrouvent dans une posture de militant, des squatteurs qui font bouger leurs représentations et s’ouvrent au faire ensemble avec des travailleurs sociaux. Au-delà de la caricature, il y a là, sur ce lieu, un espace-temps de rencontre singulier qui amène chacun à bousculer ses croyances et ses représentations. Le socle commun, celui de l’indignation face cette société qui tends à abandonner à leur sort des enfants, personnes handicapés, dépendantes, des femmes et des hommes … fait valeur de référence. Les lignes sont bousculées, les frontières deviennent poreuses dans une démarche empirique qui permet le débat, la rencontre, le faire ensemble remettant judicieusement en question les pratiques et les croyances.

 

II - Présentation du projet « Centre Social Autogéré » du CREA

 

Le CREA présente son projet sur un document intitulé « Ouverture d’un centre social autogéré à Toulouse ». Le collectif souhaite ouvrir le lieu dès le 3 mai, l’aménagement se fera étage par étage avec une entrée donnant sur l’avenue Crampel. Des travaux sont en cours ou à venir : cuisine, douches, mobiliers … Les premières familles devraient arriver dans la semaine.

Les valeurs éthiques du CREA sont basées sur la coopération, l’entraide, le vivre ensemble …

 

 

Fait à Toulouse, le 2 mai 2011

 

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