Article paru sur le Monde:
Le Monde.fr | 25.11.2012 à 17h11
D'après les derniers chiffres officiels, près de 2 % des femmes ont subi, en l'espace de deux ans, des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. En 2011, 122 ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon. Selon les associations, 75 000 à 100 000 personnes sont également violées chaque année mais 10 % seulement portent plainte.
Les associations réclament depuis des années une loi cadre, "qui comble les lacunes parfaitement identifiées des lois précédentes et ne laisse de côté aucun aspect des violences", comme le précise le collectif national pour les droits des femmes, groupement d'associations féministes, de syndicats et partis politiques, qui a appelé à manifester dimanche à Paris.
5 000 LOGEMENTS D'URGENCE
Selon le ministère du droit des femmes, le futur projet de loi réformera notamment l'ordonnance de protection de 2010. Celle-ci permet de soustraire en urgence à leur conjoint les victimes de violences conjugales mais tous les tribunaux ne l'appliquent pas de façon uniforme. Il reprendra aussi le fruit de la négociation en cours sur l'égalité hommes-femmes, qui doit s'achever avant le 8 mars 2013, ajoute-t-on.
"Nous devons avoir des procédures pénales beaucoup plus rapides et simples" et des "dépôts de plainte accompagnés et suivis d'effets" afin de "punir", a déclaré François Hollande. Il s'agit aussi "d'informer" pour que les victimes "sachent bien qu'elles peuvent trouver un accueil" et d'apporter des "formations spécifiques" aux "policiers, gendarmes, médecins, enseignants...", a insisté le président, au cours de sa visite dans ce foyer d'accueil de jeunes femmes, victimes de violences familiales, conjugales, et souvent sexuelles.
Sur les 5 000 logements d'urgence que le président promet de créer d'ici à la fin de son quinquennat, un tiers sera réservé aux femmes victimes de violences, précise le ministère. La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a en outre annoncé dimanche que des appartements seraient "réservés dans des logements sociaux" pour les victimes. La prévention des violences sexistes par l'apprentissage de l'égalité sera expérimentée en 2013 "dès la dernière classe de maternelle et jusqu'à la fin du primaire", promet également la ministre.
Pour "que l'indifférence n'existe plus" et au moment où François Hollande s'exprimait, une centaine de femmes au visage tuméfié ont mimé des scènes d'agression, près du parvis de Beaubourg, à l'appel de l'association "Ni putes ni soumises". Parmi elles, Clarisse, 32 ans, agressée dans son enfance, lançait un appel ému : "quand les gens voient quelque chose, il faut qu'ils réagissent avant qu'il ne soit trop tard". "